En direct de l’Asian Financial Forum : L’Asie, un monde fortifié qui innove

La dixième édition de l’Asian Financial Forum (AFF), organisée par le Hong Kong Trade Development Council (HKTDC), qui se tient les 16 et 17 janvier à Hong Kong, est bien partie pour être un succès. A son ouverture, la foule était telle qu’elle a intimidé Han, le robot développé par Hanson Robotics (société basée à Hong Kong). Face à la salle comble, l’humanoïde est resté muet, refusant de répondre à la présentatrice de la session plénière, à qui il avait pourtant parlé en privé, quelques minutes plus tôt. Malgré tout, il est encore peu coutumier de rencontrer des humanoïdes à l’occasion d’une conférence internationale, une surprise destinée à illustrer le thème choisi pour l’ AFF 2017, « L’Asie, moteur du changement, de l’innovation et de la connectivité » (« Asia : Driving Change, Innovation and Connectivity »). Comme le décrit le professeur KC Chan, Secrétaire aux Services Financiers et au Trésor de Hong Kong, « le développement de l’Asie, région devenue plus stable depuis la dernière crise financière, s’appuie beaucoup plus qu’auparavant sur la consommation et l’innovation. Les Fintech (technologies financières) qui s’y déploient créent un nouveau potentiel. »

Les Fintech, un potentiel exploité sous toutes ses formes

Celui-ci continue d’ailleurs d’être exploité sous toutes ses formes, en Asie comme dans la Région Administrative Spéciale de Hong Kong (HKSAR). Après avoir mis sur pied l’Innovation and Technology Bureau dès 2015, le gouvernement du Port au Parfum vient par exemple de signer (le 3 janvier) un accord de collaboration avec Shenzhen (considérée comme la capitale technologique de la Chine continentale) afin de construire un parc technologique commun, à « Lok Ma Chau Loop » (à la frontière de Hong Kong avec Shenzhen). « Nous encourageons l’expansion des fintech, qui offrent aux petites et moyennes entreprises un accès moins chers à des financements, ou réduisent le coût de leurs paiements, » explique aussi Kiatchai Sophastienphong, vice ministre des finances de Thaïlande. Cependant, insiste-t-il, « nous surveillons de près leur croissance car nous ne voulons pas créer une disruption de notre politique monétaire. » Les Fintech « existent et sont là pour rester. Désormais, nous devons suivre leur évolution et réglementer afin d’éviter d’éventuels excès, susceptibles de nuire aux consommateurs ou de contrarier notre politique monétaire, » confirme Saeb Eigner, président de la Dubaï Financial Services Authority.

Des économies asiatiques mieux armées

Si la croissance fulgurante des Fintech figure parmi les sujets majeurs abordés lors de l’AFF, celui de la résistance aux aléas financiers extérieurs est également passé au crible. Les économies d’Asie sont-elles mieux armées qu’en 2008 pour résister aux défis posés par le protectionnisme, la divergence des taux d’intérêt, les pressions sur les devises et les éventuelles sorties de capitaux qui leurs sont associées ? « Oui, » selon 71 % des votes de la salle (principale) interrogée, après avoir écouté les témoignages de l’Indonésie, en la parole de Mirza Adityaswara, gouverneur adjoint senior de la Bank Indonesia, puis de la Corée, en la parole de Jeong Eun-Bo, vice président de la Financial Services Commission. Il conclut à ce propos : « La meilleure façon de se prémunir contre des sorties de capitaux massives est de disposer d’une économie solide, basée sur des fondamentaux sains, avec des ratios d’endettement gérables.»

La Route de la soie, une source d’espoir

Le troisième thème de l’AFF sous les feux des projecteurs est celui de la progression de l’OBOR (« One Belt, One Road » / « Une Ceinture, Une Route »). « L’état actuel de l’économie mondiale, le chômage, l’accroissement de certaines inégalités, les risques liés au terrorisme, etc, ne permettent pas d’affirmer que nous ne verrons pas survenir une nouvelle crise mondiale. En revanche, l’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) nous paraît être un outil de financement efficace, permettant de contribuer à une croissance durable. Nous apprécions beaucoup l’initiative OBOR de la Chine, favorable au développement de l’investissement dans les pays qui en ont besoin, et à des partenariats commerciaux, » commente notamment Mohammad Khazaee, vice ministre des affaires économiques et des finances d’Iran.

La Place de Paris, une étape à revisiter

La sortie prochaine du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit) aussi provoque de multiples conversations parmi les divers représentants d’Asie venus s’exprimer à l’AFF. Les hommes d’affaires, les investisseurs asiatiques continueront-ils de considérer Londres comme la place majeure d’Europe ? Lui préféreront-ils Paris ou Francfort ? Paris, bien sûr, affirme Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace (Voir photo). Pour plusieurs raisons. « Deuxième pool de gestion d’actifs au monde (le double de l’Allemagne), la capitale de la France abrite aussi le plus grand marché obligataire européen (avec 35 % de part de marchés), devant Londres, » précise-t-il. La France est même le premier pôle de renminbi offshore en zone euro : Près de 50 % des paiements entre la France et la Chine s’effectuent déjà en renminbi, à comparer à 10 % en ce qui concerne l’Allemagne. Il est vrai que l’Hexagone est la première destination des investissements chinois dans la zone euro, et, espère en convaincre un plus grand nombre de venir la visiter.