La « Hong Kong International Wine & Spirits Fair », un salon des vins prodigieux pour séduire des acheteurs de toute l’Asie

Hong Kong travaille son goût pour le vin. La dixième édition de la gigantesque foire aux vins du Port au parfum, la « Hong Kong International Wine & Spirits Fair », ouverte à une multitude d’exposants venant des quatre coins du monde, a battu un record d’affluence. Le troisième étage de l’immense Convention Center, entièrement dédié à l’événement – qui s’est tenu du 9 au 11 novembre 2017-, n’a jamais désempli. S’il a été arpenté par de nombreux amateurs, heureux de profiter de l’occasion pour déguster quelques crus savoureux, il a été surtout couru par des hommes d’affaires décidés à faire les meilleures emplettes possibles. Le Hong Kong Trade Development Council (HKTDC) rapporte que « 20 000 acheteurs professionnels de 70 pays et régions ont visité le salon, une hausse de fréquentation de 2,3 % par rapport à l’année dernière. »

Réexportation vers l’Empire du Milieu

A Hong Kong, l’attrait pour le vin a dépassé le stade d’être une mode. Des revenus considérables sont en jeu désormais. « L’année dernière, nous avons importé plus de 60 millions de litres de vins provenant de 50 pays et régions, un record en valeur qui s’est établi à 1,5 milliard de dollars US, » indique Paul Chan, Secrétaire Financier de Hong Kong (s’exprimant à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du salon). (Voir graphiques à gauche; Source : HKTDC) Ceci équivaut à 80 millions de bouteilles de vin en une année. Bien sûr, la population de la Région administrative spéciale de Hong Kong (HKSAR), de 7,3 millions de personnes, ne les boit pas toutes… « La moitié de nos importations en vin environ a été réexportée. La Chine continentale en est la destination majeure, » précise Paul Chan. Favorisées par les accords CEPA (Closer Economic Partnership Agreement) *, les réexportations de Hong Kong vers le Continent chinois ont été multipliées par 35 au cours de la dernière décennie. Cette tendance a toutes les chances de se renforcer puisqu’il a été décidé, pour les vins réexportés de Hong Kong, d’implanter les formalités de dédouanement instantanées (« instant customs clearance ») dans tous les services régionaux (« custom district ») des douanes (42 au total) de la Chine continentale. Avant le 9 novembre 2017, ces mesures de facilitation douanière en faveur de Hong Kong ne fonctionnaient qu’avec 5 services régionaux des douanes, ceux de Pékin, Shanghai, Tianjin, Canton et Shenzhen. Par ailleurs, pour rappel, Hong Kong a retiré les taxes douanières sur les vins importés en 2008.

Une concurrence internationale pétillante

C’est ainsi que la conquête de l’Empire du Milieu fait rêver nombre de distributeurs de vins présents au Port au parfum, en particulier ceux qui scrutent les statistiques délivrées par l’International Wine & Spirit Research (IWSR). Selon l’organisme, la consommation de vin chinoise pourrait croître en valeur de 40 % entre 2016 et 2020 et les importations de la Chine en vins tranquilles pourraient bondir de 80 % d’ici à la fin de la décennie. Le potentiel du marché est indéniable. Encore faudra-t-il savoir s’y frayer un chemin : A sa porte, en l’occurrence à Hong Kong, la concurrence pour s’y présenter sous ses plus beaux atours est déjà vive, comme en témoigne la multiplicité des acteurs présents au dixième « Wine & Spirits Fair » du Port au parfum. « 1 070 exposants venant de 38 régions et pays différents sont venus, » comptabilise le HKTDC. Les 30 pavillons (représentants diverses régions productrices de vins) qui les accompagnaient ont rivalisé d’efforts « marketing » et commerciaux, voire d’originalité, pour attirer le chaland. Face à une telle diversité et tant de poudre aux yeux, il est bien difficile pour les novices et pour ceux qui ne sont pas des vrais connaisseurs de séparer le bon grain de l’ivraie.

Provoquer le coup de cœur avec « Made in France with Love »

En bonne place au milieu de ce salon géant de Hong Kong, les producteurs français se sont regroupés sous la bannière conviviale « Made in France with Love », rassemblant 80 viticulteurs et négociants. La marque Sud de France (lancée en 2006), représentante de 950 producteurs – plus de 6 000 vins de la région Occitanie -, a été mise en avant ainsi que le Syndicat Général des Vignerons de la Champagne (SGV). C’était la première fois qu’il se présentait à Hong Kong. Sa présence a donné l’occasion à Clotilde Chauvet, Champenoise membre de son bureau, de rappeler, lors d’une conférence sur « les perspectives des vins effervescents en Chine », que le champagne était une boisson royale, dont l’ambassadeur fut Henri IV. Cet aparté historique a été très apprécié dans ce monde des affaires asiatique, où le temps, comme les joyaux, a un prix.


* CEPA (Closer Economic Partnership Agreement) : Accord de libre échange conclu entre la Chine continentale et le Port au parfum afin d’accélérer l’intégration économique entre les deux systèmes. Il confère de multiples avantages (tarification, commerce, investissement) aux entreprises de Hong Kong, en particulier aux fournisseurs de services, qui souhaitent pénétrer les marchés chinois.