Chine, l’intégration des actions A à l’indice MSCI Emerging Markets reportée à nouveau

CapdeChine MSCI 15062016Le bras de fer se poursuit. Comme en 2015, MSCI reporte l’intégration des actions A (cotées en Chine continentale) à l’indice MSCI Emerging Markets. Le fournisseur américain d’indices de marchés de référence auprès des gérants d’actifs justifie cette décision par la nécessité d’améliorer encore l’accès aux marchés d’actions du Continent. Remy Briand, directeur général, responsable mondial de la recherche chez MSCI, expose : Au cours de la revue annuelle des indices (qui avait démarré fin avril), « les investisseurs institutionnels internationaux ont clairement indiqué qu’ils souhaitaient observer plus de progrès quant à l’accessibilité du marché des actions A avant son inclusion à l’indice MSCI Emerging Markets. »

Le bénéfice du doute exclu

Selon MSCI, les investisseurs sondés souhaitent plus de temps afin d’évaluer l’efficacité des allocations de quotas dans le cadre du programme Qualified Foreign Institutional Investor (QFII), de la politique chinoise en matière de mobilité des capitaux, mais aussi des nouvelles règles concernant les suspensions de cotation par les autorités chinoises. Force est de constater que ces dernières n’ont été dévoilées qu’à la fin mai. (http://www.lazuli-international.com/la-chine-gratifie-les-etats-unis-dun-premier-et-gigantesque-quota-rqfii/) Un autre obstacle cité par MSCI est la restriction imposée aux investisseurs dotés de quotas QFII (qui les autorisent à acquérir des actifs libellés en CNY, ou Renminbi « onshore ») de ne pas pouvoir rapatrier, sur une base mensuelle, plus de 20 % de la valeur du total de leurs actifs « onshore » évaluée à la fin de l’année précédente. Cette limite peut éventuellement leur poser des problèmes de liquidités, en cas du remboursement nécessaire d’importants rachats venant de leurs clients. Les investisseurs internationaux souhaiteraient également plus de souplesse et de précisions de la part des autorités de régulation chinoises lorsqu’ils envisagent de lancer des produits financiers liés à des actions A.

Des avancées incontestables

Quoi qu’il en soit, la décision de MSCI « est décevante, d’une certaine manière. Elle ne correspond pas au récent consensus  du côté « sell-side » (en salles de marché,  activités de ventes de titres à la clientèle). Les régulateurs chinois ont répondu à la majorité des préoccupations des investisseurs, démontrant leur volonté d’avancer sur le sujet, et cela tout au cours de l’année passée, » estime Guillaume Derville, responsable de la stratégie dérivés actions en Asie chez BNP Paribas, à Hong Kong. Il est vrai que le dialogue engagé depuis juin 2015 avec le régulateur des marchés chinois, la CSRC (China Securities Regulatory Commission), a progressé notablement sur plusieurs dossiers. MSCI reconnaît d’ailleurs que la question des droits de propriétés (« beneficial ownership »), par exemple, a été adressée de façon constructive.

Pour sa part, Nicholas Yeo, à la tête des actions Chine et Hong Kong, chez Aberdeen Asset Management, commente : « En tant que gestionnaire actif (sélectionnant lui même ses actions) l’intégration ou non des actions A aux indices MSCI ne modifie pas notre point de vue sur l’évaluation des entreprises. Par conséquent, nous ne ressentons pas le besoin d’ajuster nos portefeuilles. Notre confiance dans les actions A progressera seulement lorsque nous trouverons des entreprises prêtes à conférer des droits de propriétés à des actionnaires extérieurs. Nous ne pensons pas qu’une intégration de la Chine aux indices MSCI (essentiellement utilisés en gestion passive) constitue un moteur de transparence des entreprises cotées, étant donné que les placements « passifs » (en fonction d’indices) ne répondent pas à des considérations de qualité. »

En tous les cas, un signe que les actions A ne manquent pas d’attrait, les investisseurs basés à Hong Kong continuent de guetter avec impatience le lancement effectif du Shenzhen-Hong Kong Stock Connect. Ce futur point d’accès aux actions A, qui devrait être calqué sur le modèle du Shanghai-Hong Kong Connect, devrait consoler un peu les déçus du report de MSCI.