Les promesses de Nansha, nouvelle zone de libre échange du Guangdong

Capdechine31072015Salle comble un mercredi de fin juillet à la Chambre de Commerce Américaine de Hong Kong, dans le prestigieux gratte ciel de la Bank of America, au cœur du centre des affaires. Non parce qu’il s’agissait d’y commenter la volatilité des actions scrutée dans les salles de marchés alentours, mais bien d’accueillir la délégation chinoise en visite, chargée de promouvoir la zone pilote de libre échange de Nansha (district de la province aux 60 millions d’habitants du Guangdong en Chine, placé sous la juridiction de la ville de Guangzhou).

Le Nansha nouveau
Cette zone de 60 kilomètres carrés, renommée pour l’occasion, « Nansha New District » fait désormais partie de la « China Guangdong Pilot Free Trade Zone » (GDFTZ), correspondant à un total de 116,2 kilomètres carrés. La GDFTZ regroupe le « Nansha New District », les zones de Qianhai et de Shekou (toutes deux situées à Shenzhen), ainsi que Hengqin (île dépendant de la ville-préfecture de Zhuhai, dans le district de Xiangzhou).

NanshawhitepaperSource : Guangzhou Municipal Commission of Commerce

L’occasion d’entreprendre dans le « nouveau Nansha » n’a pas échappé aux hommes d’affaires basés à Hong Kong qui se souviennent du développement fulgurant de Shenzhen. A l’origine simple village de pêcheurs en bordure de Hong Kong, la ville compte aujourd’hui plus de 10 millions d’habitants. L’agglomération est devenue l’une des plus riches de la République populaire de Chine grâce à un statut de zone économique spéciale acquis en 1980. Dès lors, pourquoi ne pas rêver d’une transformation toute aussi fructueuse à Nansha ?

Bien sûr, cette région ne ressemble en rien au Shenzhen d’il y a 35 ans. Elle est d’ores et déjà renommée pour ses fondations industrielles dans la fabrication de voitures et de pièces de rechanges. Forte de l’un des trois pôles de construction navale du pays, elle dispose de bases d’exportations et d’équipements en énergie nucléaire. Sous la houlette de la Chinese Academy of Sciences de Nansha, le Guangzhou Institute of Industry Technology y a aussi construit une plate-forme d’innovation technologique. Elle se dédie à la recherche et développement de technologies d’équipements pour le contrôle numérique, ainsi qu’à la planification des services de l’industrie et de la logistique moderne.
Nansha et ses clustersPour résumer, «  Nansha New District » accueille dorénavant sept zones fonctionnelles spécialisées, destinées à la logistique et au transport maritime, aux services commerciaux, à la production haut de gamme, aux services financiers et professionnels, et aux nouvelles industries.

Croissance supérieure à la moyenne nationale
Comme le relève Lin Guoyang, directeur de projet, au centre des services de promotion des investissements de l’Administrative Committee of Guangzhou Nansha Development Zone, le nouveau Nansha est situé dans l’une des régions chinoises les plus performantes.
La croissance du PIB de la métropole de Guangzhou (près de 18 millions de résidents, dont près de 13 millions de permanents) a été de 8,6 % en 2014, au dessus du taux national de 7,4 %. Le secteur primaire représente 1,42 % de l’activité, le secondaire, 33,56 % et le tertiaire, en force, plus de 65 %.

Les investisseurs de Hong Kong en force
Les investissements étrangers (provenant de 87 pays et régions) en direction de Guangzhou ont progressé de 6,3 % en 2014 à 8,04 milliards de dollars US. Ceux provenant de Hong Kong, les plus importants, se sont établis à 5,42 milliards. Les autres investisseurs notables sont ceux des îles Vierges britanniques, de la République de Corée, de Singapour, du Japon et des îles Caïmans.
Leurs apports se répartissent entre une dizaine de secteurs, industrie, immobilier, distribution, leasing et services commerciaux, finance, transports, stockage et services postaux, transmission de l’information, services informatiques, industrie des logiciels, production et approvisionnement en électricité, gaz ou eau, recherche scientifique, exploration géologique, etc….

L’habitude des clusters
L’ensemble des investissements extérieurs contribue aux développements conjoints de divers pôles intégrés. Pour ne citer que l’industrie automobile de Guangzhou, celle-ci s’appuie sur trois clusters majeurs (situés respectivement à l’est, au nord et au sud de la métropole), animés par diverses coentreprises chinoises et étrangères, pour la plupart japonaises (GAC-Toyota, Dongfeng Nissan, GAC Hino, etc.). Maintenant que toutes les activités d’approvisionnements sont intégrées à la production, l’objectif affiché par les autorités chinoises est de renforcer la recherche et développement, le design, le déploiement d’automates, les services de financements et d’assurances, de location, le recyclage. L’accélération de la production de véhicules moins consommateurs d’énergie polluante est également à l’étude.

Au carrefour des réformes
A l’image de Guangzhou, le « nouveau Nansha » doit participer à la montée en gamme de l’économie chinoise dans la chaîne de valeur industrielle, technologique et des services.
Xiao Zhenyu, directeur général de la Guangzhou Municipal Commission of Commerce, ajoute : Cette zone pilote de libre échange doit devenir un exemple de coopération entre le Guangdong, Hong Kong et Macao, un « hub » essentiel de la route maritime du 21ième siècle (au cœur de l’initiative « One Belt, One Road »), mais également, une zone pilote de la nouvelle phase d’ouverture financière du pays.

Promouvoir les échanges transfrontaliers en Renminbi
Pour se faire, les institutions financières de Nansha offriront des services financiers transfrontaliers en Renminbi aux résidents de Hong Kong et de Macao présents sur place. Elles pourront en outre émettre des fonds d’investissement industriels libellés en plusieurs devises. De même, les critères d’entrée requis auprès des institutions financières de Hong Kong et de Macao seront allégés, dès lors qu’il s’agira de conduire des opérations à Nansha. Quant aux entreprises basées à Guangzhou, elles seront autorisées à émettre des obligations en Renminbi à Hong Kong et à Macao.
Autant de mesures qui devraient contribuer à l’assouplissement progressif du contrôle des capitaux chinois.