Un krach boursier chinois test

Capdechine100715Tout comme le krach boursier et sa volatilité, l’intervention des autorités chinoises pour le juguler a été spectaculaire.  Depuis le 27 juin, toute une panoplie de mesures ont été appliquées au fil des jours.

(http://www.lazuli-international.com/mobilisation-generale-pour-endiguer-la-chute-des-actions-chinoises/)

Rachats d’actions par les entreprises et leurs salariés
La mobilisation des diverses autorités (monétaire, de régulation, d’entités publiques) a été sans précédent, sans compter celle des grandes entreprises cotées. Dès vendredi matin (10 juillet), celles ci ont émis en nombre des notices de rachats de leurs propres actions, sollicitant en outre leur maison-mère, leurs salariés et leurs grands actionnaires.
Les assureurs, quant à eux, auraient investi près de 57,4 milliards de yuan en actions et 54,8 milliards de yuan en fonds d’actions depuis la chute du marché (jusqu’au 8 juillet).
Ces opérations semblent produire des résultats immédiats. Vendredi, pour la deuxième journée consécutive, le Shanghai Composite Index a terminé la séance en hausse, s’adjugeant 4,54 %. De même, le Shenzhen Component Index et le ChiNext Index ont progressé respectivement de 4,59 % et de 4,11 %.

Révélateur de faiblesses structurelles
Il n’empêche, le choc boursier des dernières semaines a mis en exergue plusieurs faiblesses structurelles. Si les mesures drastiques prises par les autorités chinoises dans l’urgence ne permettent pas encore de les corriger, d’autres actions en revanche, susceptibles de porter leurs fruits à long terme, pourraient être envisagées.

Encourager l’émergence d’investisseurs institutionnels domestiques
Selon Jame DiBiasio, d’Asianinvestor, les autorités devraient tout mettre en œuvre pour provoquer au plus vite l’intégration des actions A (actions de Chine continentale) dans l’indice MSCI Emerging Markets. Cette inclusion propice à un afflux d’investisseurs institutionnels – en général acheteurs pour le long terme – permettrait de gommer la domination des investisseurs du « retail » (85 % des volumes d’échanges à Shanghai ), très sensibles à la spéculation.
Une autre façon d’estomper l’influence de ces investisseurs volatiles serait d’encourager l’émergence d’investisseurs institutionnels domestiques.
Considérer les intérêts des actionnaires des entreprises cotées afin de les inciter à s’investir durablement est un point tout aussi fondamental. La suspension brutale de plus de la moitié de la cote boursière (à Shanghai et Shenzhen) intervenue au cours de la semaine passée démontre malheureusement tout le contraire : Habituellement, les suspensions de cotation n’interviennent qu’en cas de conflits d’intérêts potentiels, en situation de fusion et acquisition par exemple.

Libéraliser les prêts en actions en réformant les prêts sur marge
Une refonte du système des prêts en actions et des prêts sur marge pourrait s’avérer également bénéfique. Autoriser les investisseurs et les entreprises à prêter des titres à des emprunteurs intéressés, dont les « hedge funds », permettrait de créer des outils supplémentaires de couverture. Ouvrant d’autres canaux d’approvisionnement aux traders, ce mécanisme renforcerait la liquidité, la clé d’un marché efficient.
En revanche, en parallèle, les prêts sur marge consentis au « retail » pourraient être réglementés : cette facilité ne devrait être autorisée qu’à des investisseurs qualifiés, expérimentés.

De telles mesures ne pourront guère être discutées à chaud. Au moins, faudra-t-il attendre la digestion des effets immédiats de la violente correction boursière qui va fortement marquer les esprits. Surtout, celle-ci fera figure de test de la motivation des autorités chinoises à réformer en profondeur leur système financier.