La Chine et Donald Trump : L’avis d’Albert Louie, président-directeur général de A. Louie Associate

Albert Louie(Available in English) La Chine et Donald Trump, l’espoir d’une prise de marques pragmatique.  Albert Louie, président-directeur général de A. Louie Associate Ltd, décrypte l’actualité de Chine continentale et en analyse les conséquences pour les entreprises étrangères.


« Donald Trump va devoir peser « le pour et le contre ». Nombre d’observateurs supposent, qu’en s’appuyant sur ses réflexes d’homme d’affaires accompli, ses priorités seront triées en fonction de l’obtention de résultats pratiques. »


Doit-on s’attendre à plus de conflits en Asie du Sud-Est avec l’administration de Donald Trump ?

Le président des États-Unis nouvellement élu, Donald Trump, ne pourra pas réaliser ce qu’il a déclaré pendant sa campagne. Par exemple, il avait dit que s’il gagnait, il poursuivrait l’ancienne Secrétaire d’État, Hillary Clinton, concernant l’usage de sa messagerie, ce qu’il a réfuté après avoir remporté les élections. Quoi qu’il en soit, Donald Trump va bientôt être confronté à d’extrêmes difficultés lorqu’il va prendre sa présidence en janvier 2017. D’emblée, il va devoir peser « le pour et le contre ». Nombre d’observateurs supposent, qu’en s’appuyant sur ses réflexes d’homme d’affaires accompli, ses priorités seront triées en fonction de l’obtention de résultats pratiques. C’est ainsi qu’il pourrait choisir de régler d’abord les problèmes américains domestiques, tels le déficit budgétaire, l’emploi, le tissus social, etc., plutôt que d’épuiser les ressources militaires des États-Unis, très loin dans la Mer de Chine méridionale. Une région où l’Amérique n’obtiendra rien de concret, sauf quelques faux pas qui seront applaudis par quelques pays seulement, tel le Japon et, éventuellement, le Vietnam. Par ailleurs, comme la Chine est en train de construire un nouveau port au Pakistan (une conjecture raisonnable est qu’il s’agit à la fois d’une plate-forme commerciale et militaire) – qui a entretenu des relations amicales avec la Chine depuis plus de cinq décennies – les 80 % d’importations de pétrole chinoises en provenance du Moyen-Orient n’auront plus besoin de passer par le détroit de Malacca. De plus, la Malaisie est déjà sous l’influence de la Chine, ce qui réduit le poids stratégique de Singapour (allié inconditionnel des États-Unis) dans la région. En tous les cas, si Donald Trump abandonne le Trans-Pacific Partnership (TPP), comme il l’a répété de nombreuses fois pendant sa campagne, il y aura un vide dans la région où la Chine écrit ses propres règles commerciales.

Quelle sera la priorité, le protectionnisme ou la revitalisation de l’économie américaine ?

Le nouveau Président des États-Unis réalisera vite que le commerce mondial est interconnecté dès qu’il rencontrera les autres chefs d’États des économies dominantes, de la Chine, l’Europe et le Japon. Au début de son mandat, il y a toutes les chances que les relations commerciales entre ces pays soient tendues, mais, l’objectif ultime sera d’assurer la prospérité de l’Amérique. Cet objectif devrait conduire les États-Unis à souhaiter poursuivre ses échanges avec ses partenaires clés, ce qui requiert, en fin de compte, des conditions et des termes commerciaux harmonieux. Beaucoup d’encre a coulé également sur le protectionnisme et la sidérurgie américaine. Les produits chinois sont accusés d’être vendus à prix cassés, inondant le marché américain. Cette problématique n’est pas nouvelle. Elle est l’une des plus complexes à gérer commercialement entre la Chine et les États-Unis depuis des années. N’importe quelle mesure radicale, à l’instar d’une montée importante des tarifs à l’importation, pourrait déclencher une guerre commerciale entre les deux pays.

Beaucoup d’entreprises américaines vont-elles retourner sur le territoire américain ?

Pas à court terme. Au delà de la rhétorique de Donald Trump de conserver les emplois sur le sol américain, la mondialisation est une problématique complexe. Prenons l’exemple de l’iPhone : La conception s’effectue aux États-Unis tandis que ses principaux composants sont assemblés et complétés à Taïwan et en Chine. Tim Cook ne peut pas licencier soudain ses fournisseurs et déménager tous les éléments de fabrication aux États-Unis sur le champ ! Les entreprises américaines qui produisent du moyen de gamme aussi vont rester en Chine, là où leur marché se trouve. D’autant plus qu’elles ont appris à adapter leurs produits au comportement et aux besoins des consommateurs chinois. A l’heure où la classe moyenne chinoise se développe, la demande pour des produits plus élaborés s’accroît. General Motors, notamment, y vend ses voitures avec succès, dont sa marque plus haut de gamme, Cadillac. Certains produits américains, nécessitant une protection (droits de propriété intellectuelle), pourraient sans doute à nouveau être conçus sur le sol des États-Unis, à la condition d’observer une amélioration du système fiscal, et de l’économie américaine dans certains domaines. Cependant, cela reste à voir.


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Né à Pékin, Albert Louie a fait ses études aux États-Unis et parle l’Anglais, le Mandarin et les dialectes chinois. Il a monté le premier bureau de représentation de Kroll à Pékin en 1996, comme responsable des opérations en Chine. Il a ensuite constitué son cabinet, A. Louie International, et conseille des compagnies multinationales dans la conduite de leurs opérations en Chine.

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