En direct du forum CLSA des investisseurs : Les réformes financières chinoises plus que jamais à l’ordre du jour

Nous ne savons pas dans les détails ce qui se passera pendant le 19e Congrès national du Parti communiste chinois du 18 octobre. Cependant, nous savons que les autorités chinoises veulent mettre sur pied une régulation efficace afin d’accompagner la poursuite de l’ouverture de leurs marchés, » assure Jonathan Slone, « chief executive officer » de CLSA, courtier de Hong Kong détenu par Citic Securities. S’exprimant à l’occasion de l’ouverture (ce 11 septembre) du 24ième forum CLSA des investisseurs (« CLSA investor’s forum »), Jonathan Slone estime que les réformes financières de l’Empire du Milieu se poursuivront dans les cinq années à venir.

Assainir sans étouffer la croissance

Leurs objectifs sont de moderniser et de répandre les bonnes pratiques tout en s’attaquant à la « finance de l’ombre » (« Shadow Banking ») (https://www.lazuli-international.com/le-memo-du-06092017/). « Le gouvernement sait qu’un désendettement trop rapide peut contraindre l’emploi, peser sur l’inflation, éroder la croissance. Tout en comprenant les effets potentiellement négatifs d’un resserrement soudain trop fort des conditions de crédit, les régulateurs veulent éviter de créer un risque systémique. Je pense que la Chine est tout à fait capable de gérer ce défi, » juge le directeur général de CLSA. Une tâche qu’elle a déjà bien entamée : « La coupure monétaire (« monetary squeeze ») vis à vis du « Shadow banking » est nette, » observe Christopher Wood, « global equity strategist » de CLSA. Le rythme de progression (d’une année sur l’autre) des créances sur les autres établissements financiers est passé de 73,7 % en février 2016 à 13,9 % en juillet 2017. L’expert ajoute : « Cet assainissement est très positif pour le long terme, de même que la campagne anti-corruption. Il reste à savoir combien cela pourrait coûter en points de croissance. » Comme la Chine contrôle son système financier, elle « peut adopter un procédé de restructuration de sa dette graduel et le gérer, » commente Eric Fishwick, responsable de la recherche économique de CLSA. Autrement dit, la décélération de croissance de l’activité liée au travail de désendettement en cours pourrait ne pas être si drastique qu’anticipé. Eric Fishwick prévoit d’ailleurs une augmentation du PIB de la Chine de 6,7 % en 2017 (comme en 2016) puis de 6,5 % en 2018. Même si Pékin prend en main le sujet de la dette, sa promesse de faire croître rapidement le niveau de vie de la population demeure. (https://www.lazuli-international.com/chine-un-npc-strategique/) Suivant ce constat, opter pour une cible de croissance du PIB en dessous de 6 % est inconcevable.

La source des « Connects »

Resserrement et coupure sur un front, ouverture et modernisation sur un autre : Cette maxime de 2016 restera donc valable en 2017-2018. D’autant plus qu’elle a conduit à quelques succès reconnus de tous, comme l’agrandissement de la famille des « Connects » ou connexions de marchés entre la Chine du Continent et le Port au parfum. « Le « Shanghai-Hong Kong Stock Connect et le « Shenzhen-Hong Kong Stock Connect » ont constitué un véritable moteur pour les actions H de Hong Kong, » se réjouit Christopher Wood. Une fontaine de jouvence. La décote moyenne des actions H par rapport aux actions A (cotées en Chine continentale) s’établit désormais à 25 %, à comparer à 33 % en juillet 2015. Leur décote moyenne s’était même réduite à 12 % en mars dernier. Ces connexions, qui permettent aux investisseurs étrangers de se positionner dans l’Empire du Milieu, à Shanghai comme à Shenzhen, sont conçues pour « créer une source long terme de flux de capitaux entrants vers la Chine continentale. C’est d’ailleurs pourquoi, à son démarrage, le Bond Connect n’a été ouvert que côté « Northbound », rappelle le stratégiste.

Le renminbi se redresse

Quant aux sorties de capitaux, un réel sujet d’inquiétude pour les autorités chinoises depuis 2015, celles-ci pourraient ralentir de manière plus conséquente. « Tandis que le dollar s’affaiblit – comme c’est le cas à l’heure actuelle – le CNY (renminbi « onshore ») s’apprécie. Ce renforcement devrait jouer dans l’amélioration de la confiance des divers investisseurs, locaux et étrangers, vis à vis de la devise chinoise, » anticipe Eric Fishwick. Le taux de change effectif réel de la Chine également est amené à s’apprécier, poussé par l’appréciation de l’euro, qui en constitue l’une de ses principales composantes. Si les autorités chinoises peuvent encore contrôler leur propre système financier, elles n’ont, en revanche, guère le pouvoir de dicter les fluctuations de devises de leurs partenaires commerciaux.