« Zones de libre-échange en Chine »- Dossier : Dickson Ho, économiste du HKTDC, dresse un bilan de l’accord CEPA avec Hong Kong

(Available in English) Entretien avec Dickson Ho, économiste principal (Asie et marchés émergents) du Hong Kong Trade Development Council (HKTDC)

capdechine-dickson-ho-hktdc-ftz-cepa-112016 Dickson Ho, économiste principal (Asie et marchés émergents) du Hong Kong Trade Development Council (HKTDC), revient sur l’intérêt de disposer d’un certificat CEPA (Closer Economic Partnership Agreement). Introduit en 2003, cet accord de libre échange a été conclu entre la Chine continentale et le Port au parfum afin d’accélérer l’intégration économique entre les deux systèmes. Il confère de multiples avantages (tarification, commerce, investissement) aux entreprises, en particulier aux fournisseurs de services de Hong Kong, qui souhaitent pénétrer les marchés chinois.

Quels sont les secteurs d’activité qui bénéficient le plus du CEPA ?

Les entreprises de Hong Kong qui disposent de certificats CEPA de fournisseur de services, afin de développer leurs activités en Chine continentale, sont surtout celles des secteurs du transport, des services logistiques et de distribution. D’autres encore sont spécialisées dans la construction, dans les services professionnels de construction, d’ingénierie, de placement et de fourniture de personnel, mais aussi dans les services publicitaires ou d’impression. Au total, depuis juin 2003, 3 073 certificats CEPA ont été accordés (au 31 octobre 2016). Ces certificats sont le prérequis d’installations en Chine continentale de filiales d’entreprises qui ont déjà établi un siège social (ou une entité opérationnelle) à Hong Kong.

Qu’est ce qui change depuis le premier juin 2016 ?

La plus grande ouverture au marché continental offerte aux demandeurs de certificats CEPA (annoncée en juin dernier) encouragera les entreprises basées à Hong Kong à déployer leurs activités en Chine du Continent afin de conquérir de nouvelles de parts de marchés. Cela dit, ce mouvement n’est pas encore spectaculaire. L’accroissement de la couverture géographique facilité par les mesures de juin devrait concerner surtout les secteurs qui se sont déjà montrés réceptifs à l’avantage de détenir un certificat CEPA, à savoir ceux qui ont déjà identifié un potentiel réel d’expansion.

Hong Kong est-elle en compétition avec les zones de libre-échange du Continent (FTZs) ?

Pas réellement. Les avantages des certificats CEPA couvrent tout le territoire chinois. En revanche, comme leur intitulé l’indique, les zones de libre-échange (FTZs) sont cantonnées à un certain périmètre. L’autre atout de Hong Kong, premier centre de Renminbi offshore au monde, est la libre circulation des capitaux. Il n’y a donc aucune contrainte quant aux rapatriements de capitaux. Le transfert d’argent de Hong Kong vers une filiale à l’étranger sur une base quotidienne ne pose aucun problème, ce qui n’est pas aussi simple en Chine continentale, même en étant basé dans une FTZ. Il est vrai qu’en théorie, il est plus facile pour les entreprises enregistrées dans une FTZ – qu’il s’agisse de multinationales ou de petites et moyennes entreprises – de procéder à de la centralisation de trésorerie (« cash-pooling ») transfrontalière avec du Renminbi. Je pense que le degré de compétition de Hong Kong avec les FTZs dépendra du degré et du rythme d’ouverture des divers marchés de chinois. Pour l’instant, nous continuons d’observer l’arrivée de nombreuses entreprises de Chine continentale à Hong Kong afin de bénéficier de ses services et de ses facilités.

L’implantation des FTZs peut-elle provoquer l’arrivée de capitaux spéculatifs ?

L’ouverture de FTZs crée souvent un effet d’engouement, accompagnée de l’arrivée d’observateurs testant le terrain. Leur démarrage peut donc provoquer l’arrivée de capitaux investis à court terme. L’enjeu est d’arriver à les fidéliser. Il faut reconnaître que les FTZs ont un effet bénéfique pour leur région de périphérie. C’est le cas de Shanghai où de multiples entreprises ont installé leur siège social, afin de pouvoir enregistrer l’une de leurs filiales dans les divers districts de sa FTZ (ouverte en août 2013).

Que pensez-vous de l’introduction de la liste « négative » à l’ensemble du territoire chinois?

Auparavant, la liste dite « négative » (des secteurs dans lesquels les entreprises étrangères n’ont pas le droit d’investir) ne s’appliquait que dans les FTZs. Il est indéniable que cet effort de transparence de la part des autorités chinoises a incité les sociétés étrangères à tenter leur chance. La décision (en septembre 2016) d’expérimenter l’application de cette liste à l’ensemble du territoire chinois (et non plus aux FTZs seulement), va dans le sens des réformes d’ouverture du tissus économique de la Chine continentale. Cela dit, il faudra observer la mise en pratique de cette décision dans les faits.


Dossier « Zones de libre-échange en Chine »

A lire :

• L’expansion des zones de libre-échange stimule l’économie chinoise

Peter Yu, président co-fondateur de 1 Yuen, partage son expérience de Shanghai

capdechine-peter-yu-shanghai-ftz-112016-etiquetteHabitué à conseiller les entreprises étrangères à s’installer en Chine, Peter Yu, né à Shanghai, a exercé des positions “senior” dans de multiples sociétés internationales cotées (Hutchison Telecom, Verizon, Finet Group). Il a fondé aussi 1 Yuen Network Technology (Shanghai) Limited, une plate-forme de services professionnels dédiés aux dirigeants d’entreprises étrangers et locaux, qu’il a installée dans la zone de libre échange de Shanghai (SFTZ) dès son ouverture, en 2014. S’inspirant de cette expérience, il décrit les avantages d’être basé dans une zone de libre-échange en Chine continentale.

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