Les technologies de l’information chinoises entament leur âge d’or

Les investisseurs en actions des entreprises technologiques asiatiques doivent se réjouir ! » commente Nicolas Baratte, responsable de la recherche technologique chez CLSA. L’indice MSCI Asie hors Japon technologie de l’information ( MXASJIT index) a bondi de 67 % depuis janvier 2016 (à comparer à 32 % pour le MSCI Asie hors Japon) et de 46 % depuis janvier 2017 (contre 28 % pour le MXASJ). Après une telle performance, est-il temps de couper ses positions en technologie de l’information ? Le moment opportun ne serait pas encore venu si l’on se réfère au consensus attrayant de prédiction de progression des résultats nets des 15 plus grandes capitalisations du secteur pour 2017, 2018 et 2019.

De la complexité des processeurs au super-cycle de la mémoire

De surcroît, les technologies de l’information d’Asie se prêtent bien à la diversification. Il serait bien trop réducteur de mettre tous les œufs dans le même panier. Les entreprises et les thèmes à investir sont multiples. Pour n’en citer que quelques uns, il peut s’avérer pertinent d’explorer les semi conducteurs (étudier la complexité croissante des processeurs de smartphones, par exemple), le super-cycle de la mémoire (effets de la pénurie de mémoire NOR), l’affichage (pénétration de la diode électroluminescente organique dans les smartphones), l’intégration et la connectivité des commandes d’affichage (TDDI, 4k drivers), le « matériel » (cycles de l’IPhone, des divers smartphones), l’évolution des centres de données (virtualisation), etc. Sans oublier de considérer certaines actions A (cotées en Chine continentale) d’entreprises à succès et gérées convenablement. « Nous continuons de trouver des entreprises très prometteuses en Chine, telles BOE, Hikvision, Lens Tech, Sunway, ou Wangsu, » s’enthousiasme Nicolas Baratte.

Le plus grand réseau 4G au monde et bientôt, la 5G…

L’internet mobile de l’Empire du Milieu profite à tout un écosystème de nouvelles technologies testées et développées sur place. La connectivité est considérée comme l’un des moteurs de la transformation de l’économie chinoise. C’est ainsi que la Chine a construit le plus grand réseau 4G du monde et il en sera de même pour le déploiement de son réseau 5 G (qui devrait être commercialisé en 2020). En juin 2017, les utilisateurs de smartphone 4G atteignaient 884 millions (64 % de la population chinoise) et les utilisateurs de l’internet mobile 695 millions fin 2016. La pénétration 4G pourrait toucher 85 % de la population d’ici fin 2018, favorisée par une politique fortement incitatrice, une large bande de fréquences gratuites, une baisse des prix des opérateurs. Par exemple, en un an, China Mobile a fait passer les prix des smartphones 4G de 6 000 renminbi à 1 000 renminbi. Maintenant, ceux-ci peuvent se vendre à 200 renminbi environ, abordables de tous. D’autres facteurs encore jouent dans cette expansion du mobile, comme la large assise manufacturière domestique en la matière ou le savoir-faire certain d’équipementiers télécoms, symbolisé aujourd’hui par le rayonnement de Huawei à l’international.

L’ascension de Huawei, OPPO, Vivo et de Xiaomi

Désormais, à eux quatre, les fabricants de smartphones Huawei, OPPO, Vivo et Xiaomi détiennent 29 % des parts du marché mondial du smartphone. Tout seul, Huawei en détient 11 % (contre 6 % en 2014), se hissant au troisième rand mondial, talonnant Apple (13 % de parts de marché) et Samsung (23 % de parts de marché). Les marques chinoises ne se contentent pas de s’être emparées de 82 % des parts de leur marché domestique. Désormais, elles exportent, avec déjà 26 % de parts de marché hors de l’Empire du Milieu. Le lancement de l’iPhone 8 (Apple) pourrait-il leur faire de l’ombre ? « Pas sur le sol chinois, » estime Nicolas Baratte. Selon lui, « l’ennemi est WeChat, qui fait tourner des applications dans les applications (des mini-programmes ou micro-services). Le consommateur chinois, qui passe 4 heures par jour sur WeChat en moyenne, utilise moins les applications et services de l’iPhone, » moins adaptées à son comportement. L’autre frein est le prix affiché de 1 000 dollars : Pourquoi souhaiter payer 300 dollars de plus pour un iPhone, qui, en fin de compte, procurera un service quasiment similaire à celui d’un smartphone de marque chinoise ? Ceci peut éventuellement se justifier « si l’on considère Apple comme une marque de luxe, légitimant ainsi le maintien de ses marges élevées, » commente l’expert de CLSA dubitatif, qui ne prévoit pas de ventes de l’iPhone 8 dans de très forts volumes. Maintenant que les acteurs chinois démontrent leur capacité à se hisser dans la cour des grands, couvrant à la fois le bas, le moyen et le haut de gamme, la bataille entre les fabricants de smartphones a toutes les chances de s’intensifier.