En décalage

6,7 %, « la nouvelle normalité » («The new normal») ou le nouveau chiffre porte-bonheur chinois. Incroyable coïncidence, le PIB de la Chine pour les trois premiers trimestres de 2016 a progressé d’une année sur l’autre de 6,7 %. La croissance du PIB chinois d’une année sur l’autre s’est établie à 6,7 % au premier trimestre, au deuxième trimestre puis au troisième trimestre de cette année. Cette répétition miraculeuse du « 6,7 % » est-elle le simple fruit du hasard, à moins qu’elle ne soit chargée de signification ? Bien sûr, seul un divinateur pourrait répondre à cette question avec exactitude. Cela dit, la moindre volatilité (par rapport à 2015) des statistiques de progression de l’activité chinoise n’est pas anodine. Elle s’explique en particulier par une politique de soutien à l’économie mieux coordonnée de la part des autorités chinoises, en quête d’un équilibre entre la réalisation d’objectifs de court et de moyen terme. La volonté du gouvernement est de conduire la restructuration de l’économie progressivement, sans accroc, afin d’entretenir un environnement des affaires stabilisé dans la perspective de la tenue du 19ième Congrès national du Parti communiste chinois. Prévu pour novembre 2017, il devrait se tenir à Pékin, comme tous les cinq ans.

Pourquoi porter déjà tant d’attention à cet événement ? Parce qu’il est un rendez-vous crucial, décisif de la gouvernance du Parti communiste chinois et que les huiles concernées s’y préparent longtemps à l’avance. Le Congrès national du Parti communiste chinois réunit les délégués  (élus) du Parti afin d’élire les commissions et les comités au sommet du pouvoir, décideurs des grandes orientations du pays dans tous les domaines. De plus, en 2017, le Comité permanent du Politburo (« Politburo Standing Committee ») changera de visage, cinq de ses sept membres devant se retirer. Regroupant les sept membres les plus importants du Politburo (ou Bureau politique), ce Comité dirige le Parti et la République Populaire de Chine (RPC). En théorie, les deux seuls membres du Comité permanent, qui ne seront pas atteints par la limite d’âge lors du 19ième Congrès, seront Xi Jinping, le président de la RPC, et le Premier ministre, Li Keqiang, qui auront respectivement 64 et 62 ans.

Les autres membres actuels du Comité central permanent du Politburo sont le président du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, Zhang Dejiang, le chef du Parti de Shanghai et président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, Yu Zhengsheng, le secrétaire du secrétariat du Comité central du Parti communiste chinois en charge des affaires culturelles, Liu Yunshan, le secrétaire du Comité central pour l’Inspection disciplinaire du Parti communiste chinois, Wang Qishan, et le Vice-Premier ministre, Zhang Gaoli.

Quoi qu’il en soit, s’il y a peu de doute quant au renouvellement, lors du 19ième Congrès, de Xi Jinping en qualité de secrétaire général du Parti (la position la plus haute du Parti), en revanche, il n’est pas certain que le résultat de la rotation des personnalités au sein des divers Comités donne un signal assez fort pour lui permettre d’envisager la réalisation d’un mandat supplémentaire. En 2022, Xi Jinping sera âgé de 69 ans, au dessus de la limite d’âge tacite afin d’accéder à un troisième mandat de secrétaire général du Parti, à moins que les règles ne soient modifiées d’ici là. Constitutionnellement, le nombre de mandats (d’une durée de 5 ans) du Président de la République Populaire de Chine est limité à deux. En revanche, le nombre de mandats du secrétaire général du Parti et du président de la Commission militaire centrale n’est pas restreint.

En attendant ce rendez-vous déterminant du Parti de novembre 2017, quelle est la recette des autorités chinoises pour stabiliser le taux de croissance du PIB de l’Empire du Milieu ? « En recourant à des politiques fiscales et de logement qui ont encouragé le déstockage du marché immobilier. En même temps, la politique monétaire reste prudente, afin de garder la croissance du crédit sous contrôle. Tout ceci avec une gestion asymétrique du compte de capital, retenant les sorties de capitaux et conçue pour apaiser les craintes de dépréciation du Renminbi, » décrit Aidan Yao, économiste senior Asie émergente de AXA Investment Managers. Autant dire qu’à l’heure actuelle, tout ce qui est susceptible de provoquer des remous sur les marchés financiers ou d’entamer la crédibilité des autorités est vu d’un mauvais œil.


Données au long cours

Chine, quelques composantes phares du PIB

La consommation prend du poids

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Source : National Bureau of Statistics of China

Le rééquilibrage de l’économie chinoise n’est pas un mirage : Au cours des trois premiers trimestres de 2016, l’activité du secteur tertiaire a réalisé une plus forte croissance que le secteur secondaire. La consommation finale du pays, quant à elle, a contribué à 71 % de la progression du PIB (atteignant même un record).

De fait, les ventes au détail de biens de consommation affichent une augmentation d’une année sur l’autre de 10,7 % lors des 9 premiers mois de 2016.

Investissements en actifs immobilisés : Un taux de croissance, plusieurs messages

 

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Source : National Bureau of Statistics of China

« Growth rate of investment in fixes assets » : Taux de croissance des investissements en actifs immobilisés

Une légère accélération des investissements en actifs immobilisés s’observe depuis août. (Voir graphique) L’industrie du tertiaire en demeure le plus fort contributeur (à la fois en valeur et en croissance), même si l’augmentation des investissements la concernant ralentit (de 11,1 % d’une année sur l’autre en septembre, contre 11,2 % en août.) Avant de tirer une éventuelle conclusion quant à l’arrivé à maturité de ce secteur, il faudra observer la récurrence de cette tendance à l’occasion de prochaines statistiques.

Autre nouveauté à surveiller, les investissements en actifs immobilisés venant du secteur privé, dont le taux de croissance diminuait régulièrement depuis décembre 2014, ont entamé une remontée, affichant à la fin des neuf premiers mois de 2016 un taux de progression d’une année sur l’autre de 2,5 % .


Retour aux sources

Hong Kong / Hong Kong Exchanges and Clearing Limited (HKEX)
Le point sur les indices en Renminbi
https://www.hkex.com.hk/eng/prod/drprod/rmb/Documents/RXY_201610_EN.pdf

Hong Kong / The University of Hong Kong
Réflexions, propositions quant à la réglementation des « Fintech » à Hong Kong
https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2847806

Chine / International Monetary Fund (FMI)
Résoudre le problème de la dette d’entreprise en Chine
http://www.imf.org/external/pubs/cat/longres.aspx?sk=44337.0

Japon / Bank of Japan (BOJ)
Rapport sur le système financier
https://www.boj.or.jp/en/research/brp/fsr/fsr161024.htm/


Invitation au voyage

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Vue  sur Pui O, Lantau, Hong Kong


Changer d’horizon

Évasion …

Au sud des nuages, le Yunnan (云南) (reportage de Lazuli International)

Au sud des nuagesA l’époque de la dynastie Tang (618-907), un prince de l’une des principautés de l’ancien royaume de Dian entreprit un long voyage jusqu’à Chang’an (Xi’an) pour rendre visite à l’empereur. Lorsque celui-ci lui demanda d’où il venait, le prince lui répondit qu’il était originaire d’une lointaine contrée méridionale, au delà des nuages et des pluies du Sichuan. Le souverain décida alors de nommer cette région Yunnan, littéralement « Au sud des nuages » (云南).