En direct du forum CLSA des investisseurs : La Chine entre croissance et restructurations

capdechine-clsa-23forum-19092016L’économie chinoise est « plus stable » que l’année dernière, estime Jonathan Slone, « chairman » et « chief executive officer » de CLSA. S’exprimant à l’occasion de l’ouverture (le 19 septembre) à Hong Kong, du 23ième forum CLSA des investisseurs (« CLSA investor’s forum »), le président-directeur général du courtier de Hong Kong détenu par Citic Securities s’est déclaré « optimiste quant aux perspectives économiques de la Chine, » malgré la décélération de croissance de ses industries traditionnelles. « Les secteurs dotés d’une production à haut rendement seront les gagnants de la transition à l’œuvre. Ceci inclut les technologies, la consommation domestique et l’aéronautique, ainsi que la santé. La façon dont la Chine est en train d’allouer son capital est ce qui guidera le développement industriel des 20 années à venir, » commente Jonathan Slone.

Un dosage savant

« Les risques extrêmes ont diminué, » confirme Eric Fishwick, « head of economic research » chez CLSA. L’année dernière, l’expert avait, à juste titre, relativisé le pessimisme excessif concernant l’économie chinoise à la mode, à l’époque du 22ième forum CLSA.

Pour autant, 2016 sera une année complexe au cours de laquelle les autorités chinoises devront gérer la progression de l’activité avec succès, poursuivant « leur stratégie de minimisation des risques (« risk-averse strategy ») » indique l’économiste. Pékin « restructure l’économie doucement car il faut en outre remplir le contrat social du gouvernement, qui veut doubler le niveau de vie des ménages en une décennie. Restructurer avec une cible ambitieuse de progression de l’activité s’appelle une «stratégie de minimisation des risques», en particulier dans le contexte actuel de faiblesse de l’économie mondiale, » explique Eric Fishwick.

Selon lui, cette aversion pour le risque des autorités chinoises devrait perdurer jusqu’en 2017, avant que la politique économique ne devienne plus aventureuse en 2018, si la rotation des membres du « Standing Committe » du Parti Communiste (prévue pour novembre 2017) laisse une place majoritaire aux soutiens de Xi Jinping, le président de la République Populaire de Chine. C’est ainsi que l’expert de CLSA prévoit une hausse du PIB de l’Empire du Milieu de 6,7 % en 2016 (à comparer à 6,9 % en 2015), de 6,4 % en 2017 puis de 5,5 % en 2018.

Suivant ces hypothèses, la demande chinoise en matières premières devrait rester soutenue au moins jusqu’en 2017, portée par l’activité domestique et les investissements dédiés à l’urbanisation. Ce « conservatisme » de la part du gouvernement semble également contradictoire avec tout mouvement saccadé, voire excessif, de fluctuation du Renminbi. Si aucun changement brusque de régime de la devise chinoise n’est envisagé, en revanche, « sa dépréciation devrait se poursuivre. Sa linéarité depuis décembre 2015 signifie qu’elle est bel et bien guidée par les autorités, » raisonne Eric Fishwick.

Le moteur des infrastructures

L’un des points communs de la Chine avec les États-Unis et le Japon sera « la croissance des dépenses en infrastructures, » relève pour sa part Christopher Wood, « global equity strategist » de CLSA. Dans ce domaine, le taux de croissance des investissements en actifs immobilisés devrait atteindre les 15 % en termes réels entre 2016 et 2020. Il est d’ailleurs faux d’affirmer que la Chine a déjà construit toutes les infrastructures dont elle a besoin, une supposition souvent faite par les observateurs éloignés qui peinent à apprécier l’échelle du pays. En observant l’exemple du train, il s’avère qu’en Chine, le kilométrage par habitant n’équivaut qu’à 15 % de celui du G7. Et pour atteindre ce niveau des pays développés, la Chine aurait besoin de 24 ans au moins, selon les calculs de CLSA (basés sur le taux de croissance du PIB chinois des trois dernières années.) De même, concernant les routes, le kilométrage par habitant ne représente que 24 % de celui du G7, et, la Chine aurait besoin d’au moins 51 ans pour le rejoindre. Il semble donc être encore un peu trop tôt pour que l’industrie de la construction chinoise mette définitivement la clé sous la porte.